Hypocondriaque, mais je me soigne !

Hyponchondriaque

Avoir mal et se faire gentiment éconduire par son médecin qui lâche : « Vous n’avez rien du tout ! » reste toujours frustrant. Et vexant. Pas question, néanmoins, d’accepter le verdict sans réagir. Et si c’était un cancer? Pour en être sûr, il faut attendre la prochaine consultation… et le diagnostic qui sera posé ! Une angoisse qui empêche de vivre.

Si nous avons tous un penchant pour la dramatisation en périodes de faiblesse, les hypocondriaques doivent pour leur part subir une véritable anxiété permanente : comme chacun d’entre nous, un petit bobo peut survenir. Alors que la plupart d’entre nous vont attendre qu’il passe, ou le soulager pour s’en débarrasser, les hypocondriaques, eux, vont l’exagérer, l’interpréter erronément et voir le pire, eux qui sont centrés sur leur corps et ce qu’ils considèrent qu’il tente de leur dire. La moindre égratignure annonce un cancer, une palpitation et les voilà candidats à l’infarctus, un mal de tête dégénère en méningite. D’ailleurs, lorsqu’ils lisent un ouvrage scientifique ou surfent sur internet, ils se sentent atteints de tous les maux décrits.

Si ces malades imaginaires prête à sourire, leur angoisse est pourtant réelle.

Hyper-vigilants

Les hypocondriaques ont un profil typique, vite reconnu des médecins : ià l’affût de toute douleur, toute anomalie, ils ne laissent rien passer. Même en l’absence de symptôme, ils l’attendent en s’inquiétant. Lors de la consultation, ils ont le souci du détail et vont expliquer de long en large les symptômes ressentis, des plus flagrants aux plus insignifiants. Ils connaissent le jargon médical car sont fréquemment sur les sites et publications relatives à la santé.

Ils sont aussi de très grands consommateurs de médicaments et consultent un nombre important de médecins… Et puis ils arrivent avec une explication fausse, mais qu’ils ont réussi à confirmer par les informations glanées ici et là. Le médecin a beau leur assurer, même après différents examens, qu’ils se trompent, jamais ils ne se sentent soulagés. D’ailleurs, il faut l’avouer, ils font généralement peu confiance aux médecins, leurs diagnostics, l’interprétation des examens ou le choix des traitements. De plus, ils se montrent aussi très revendicatifs, avec déjà des idées bien précises sur les traitements; et lorsque ceux qui leur sont prescrits ne correspondent pas à leurs attentes, les malentendus se creusent entre eux et le personnel soignant, avec leur angoisse qui se poursuit.

Pourquoi devient-on hypocondriaque ?

Aujourd’hui, on l’ignore. On suppose que les personnes généralement anxieuses sont plus sujettes à cette peur d’être malade, ou qu’un événement pénible lié à la maladie ou à la mort, vécu à l’enfance notamment, peut engendrer pareille « phobie ».

On constate aussi que l’hypocondrie se présente chez des personnes souffrant, à des degrés divers, d’anxiété généralisée, de trouble obsessionnel compulsif, de trouble panique, de dépression majeure ou d’une anxiété liée à la séparation.

Un cercle vicieux

Le scénario anxieux est un élément essentiel dans le vécu des hypocondriaques. En effet, un inconfort ou une douleur va engendrer des croyances et des pensées alarmistes sur la maladie « potentielle ». L’attention devient donc sélective, focalisant sur les symptômes, en particulier ceux qui vont dans le sens de l’explication la plus alarmiste.

Oui, mais voilà: cet état d’anxiété va pour provoquer d’autres manifestations physiologiques : transpiration, palpitations, douleurs musculaires, douleur à la poitrine, étourdissements… qui peuvent mener à une attaque de panique, une crise d’angoisse qui, bien que n’étant pas nuisible à la santé, inquiète encore plus la personne. De plus, en focalisant sur les manifestations initiales, on les amplifie! Par exemple, face à un souci respiratoire, on focalise sur la respiration, donc on crée des tensions musculaires et, résultat, on respire mal ! Et cela renforce la croyance en une maladie grave… 

TCC efficaces

Cette souffrance mérite non pas d’être raillée, mais bien prise en considération. Pour cela, les thérapies cognitives et comportementales (TCC) représentent le principal traitement psychologique dont l’efficacité a été démontrée. Elle va consister à réduire cette éternelle vérification de son état de santé et des symptômes, à contrer l’anxiété liée à la maladie, à faire face à la peur de la mort, et à apprendre à vivre pleinement. Pour cela, des techniques de relaxation peuvent s’avérer un bon soutien. En moyenne, 6 à 20 séances de TCC donnent déjà de bons résultats, qu’elle soit individuelle ou de groupe.